Après ces sensations fortes départ pour Ica à 8 km pour prendre le bus de nuit vers Arequipa, 11 h de bus mieux vaut en profiter pour dormir, tant pis pour le paysage.
Arrivés à Aréquipa un peu fatigués direction l’hôtel en centre ville, le terminal tem rrestre se trouve dans le parque industrial pas question de faire le chemin à pieds , donc taxi.
album photos : http://www.pachamama-inti.com/album-2188411.html
Aréquipa est une ville de 920 000 habitants, centre économique le plus important du sud du pays, surnommée la ville blanche ; les immeubles du centre historique sont construits en « sillar » roche volcanique blanche, les murs épais, l’alliance des techniques modernes européennes et amérindiennes répond aux risques fréquents de tremblement de terre, le dernier en 2012. Le Misti (5825m) volcan très voisin et très peu sage en est la cause.
Aréquipa est tout ce que n’est pas Lima, agréable à vivre, 300 jours de soleil par an, altitude modérée 2335 m, donc étape parfaite avant de monter vers le Titicaca et le Machu Picchu, à l’inverse de Lima tout pratiquement peut se visiter à pied, se promener dans les rues de jour comme de nuit est très agréable, faire les boutiques et restos aussi. Son centre historique témoin du passé colonial est vraiment superbe et mérite bien d’être classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Les habitants d’Aréquipa se sentent aréquipéniens avant d’être péruviens, bastion nationaliste, Aréquipa s’illustre dans les combats pour l’indépendance.
Ce qui a retenu particulièrement notre attention :
Le couvent de Santa Catalina, une merveille, une ville dans la ville où les filles de la noblesse conquérante à « cout » de dots élevées (mais toujours moins élevées que la dot de la fille de la famille qui devait épouser le « promis ») s’offraient une prison dorée ; jusqu’à 4 servantes, esclave à disposition, possibilité de revendre sa cellule composée d’ une chambre à coucher, d’ une cuisine particulière, d’un salon et d’ une chambre pour la servante, l’esclave dormait sur le sol, faut pas exagérer, possibilité d’organiser de « chastes » réception….En 1870 le pape de l’époque a mis tout le monde en dortoir faut dire que la période, du point de vue économique, n’était plus très faste, abolition de l’esclavage, guerre avec l’Espagne à cause de «merdes d’oiseaux ».
La plaza de armas, la cathédrale, la compania ; une église jésuite…..
Les « alentours » : volcans en activité, dont le fameux Sabancaya (5975m) qui avec son éruption en 1995 a fait fondre les neiges éternelles de son voisin l’Ampato (6288m) permettant ainsi la découverte, au sommet de ce dernier, d’une momie intacte nommée Juanita, une jeune princesse inca de 14 ans offerte en sacrifice au dieu protecteur de la montagne et ce sous les yeux du Hualcahualca ( 6025m). Le plus haut du coin le Coropuna (6377m) au bout de la vallée des volcans et au nord de la vallée et fin du canyon du Colca , nous retrouvons le soir du 2 décembre à 21 heures dans un petit village du nom de Yanque après 4 heures de bus au début du canyon.
Canyon du Colca 2 décembre 2013
N’ayant pu trouver qu’un bus au départ d Aréquipa à 16h 30 nous arrivons donc de nuit a Yanque petit village au début du Canyon que nous avions choisi pour éviter de passer une nuit à Chivay.
En laissant Aréquipa on passe par les banlieues remplies d’ateliers mécaniques, de secteurs d’entreprises, puis on peut admirer les hauts sommets entourant Aréquipa, nous nous retrouvons dans des plaines de cultures avant « d’attaquer » la montée vers la pampa désertique de haute altitude où nous franchirons de nuit le col de Patapampa à 4900m, on sent l’altitude « dans la tête », nous avions acheté quelques feuilles de coca au marché d Aréquipa que nous mastiquons pour essayer de faire passer cette mauvaise sensation.
Grande descente vers Chivay qui est l’endroit où beaucoup d’agence font dormir leurs clients qui se rendent dans le canyon, nous, on a choisi de se poser a Yanque à 8 km de Chivay où Téodoro doit nous attendre comme convenu au téléphone avant le départ d’ Aréquipa, où nous y avions rencontré Dimitri qui nous a conseillé de faire halte chez Téodoro et Justina, une famille qui fait de l’accueil touristique simplement, chaleureusement et avec dévouement , c’est ce que nous recherchions. Merci Dimitri.
Téodoro était là depuis une heure à nous attendre et nous amène chez lui, le premier contact est chaleureux, en arrivant nous découvrons leurs installations et un maté de muna réputé pour faire fuir un le mal d’altitude. Nous faisons connaissance avec la famille et passons notre première nuit dans cette maison touristique qui peut accueillir 6 personnes et où le partage est la règle.
Au fil de la conversation et des questions nous apprenons que cette famille et 3 autres ont formé une association pour faire de l’accueil touristique, ont travaillé ensemble pour faire les murs et refaire les peintures et autres, leur capacité d’accueil est de 24 lits , ils pratiquent les mêmes prix chambres et repas, ce sont des quechuas qui pratiquent l’ayni(1).
Le lendemain Téodoro veut nous faire visiter un tas de choses on reste prudent, pas d’engagement sauf pour le petit dej, Il y a énormément à faire dans ce secteur et dans tout le canyon en matière de randonnée et de « trekking », notre forme physique n’est pas encore à la hauteur pour s’en prendre à de gros morceaux en ces altitudes.
La nuit pas très bonne, nous prenons le petit déjeuner et reportons à l’après midi les activités après l’almuerzo et une petite sieste. Téodoro nous emmène pour une petite marche de 3 heures, avec au programme, visite des ruines Colluhuas de Uyouyo et petites baignades dans les eaux thermales tout en découvrant les terrasses et le canyon.
album photos : http://www.pachamama-inti.com/album-2189486.html
Avant l’arrivée des espagnols et des incas, les Colluhuas, une civilisation de 1000 ans avaient façonné les abruptes du Canyon en terrasses (andenes) pour y faire de la culture mettant à profit l’eau des hauts sommets pour l’irrigation, il existe encore des maquettes en dur à même le rocher de ces terrasses ; elles permettaient au Callahuas de déterminer la mise en œuvre de l’irrigation.
En suivant les canaux d irrigations et longeant les terrasses, à cette époque les semis de fèves, quinoa, patates (il existe 4000 variétés de pomme de terre au Pérou), oca, mais, blé, avoine, orge, luzerne…. ont été faits et sont déjà bien levés, nous nous dirigeons vers les ruines d’Uyouyo on croise les paysans dont les femmes sont en habits traditionnels, Téodoro nous fait connaitre les noms et les propriétés de beaucoup de plantes rencontrées, il sera impossible de se rappeler de tout, malgré quelques notes prises. Beaucoup ne se soignent qu’avec les plantes, elles sont nombreuses et couvre un panel très large de maux et maladies.
Après avoir traversé le rio Colca sur le pont qui a demandé 1 an et demi de travaux et d où l’on aperçoit les restes des silos colluhuas sur les parois du canyon a une hauteur hors crue du fleuve, ces silos permettaient la conservation des semis d’une année sur l’autre à bonne température, nous montons et il faut y aller doucement, Teodoro nous montre sur l’autre versant où les herbes sèches brulent, une sorte d’écobuage de l’ichu, une herbe qui sert aussi à faire les toits, l’endroit où se trouve sa terre ; un topo (3300m²) qu’il cultive, il lui faut plus d’une heure pour y arriver du village par un chemin en zigzag.
Le jour suivant nous prenons un bus en direction de Cruz del condor, mirador très fréquenté où nous avions la possibilité de voir des condors, pas de chance aucun condor de 9h30 a 12 heures, heure du retour du bus, avec au passage une vue aller et retour sur le canyon, extraordinaire ces terrasses, faute de condor on marche vers les différents miradors et parlons avec les vendeuses d artisanat habillées en tous les jours.
Le jour suivant nous partons pour Cabanaconde vers la fin de ce majestueux canyon à 50 kilomètres environ de Yanque pour descendre au fond du canyon si le temps le permet, nous avons hésité car l orage et la pluie redoublaient. Le canyon du Colca est impressionnant par sa profondeur qui peut atteindre plus de 4000 m par endroit, ce qui en fait le deuxième au monde après celui de Catahuasi, pas très loin d ailleurs, la largeur de sa vallée et ses terrasses le rendent moins impressionnant que celui du Colorado qui est loin derrière en matière de profondeur.
a suivre, nous sommes à Puno au bord du lac Titicaca, arrivés hier soir, aujourd hui escale technique qui permet de vous donner quelques nouvelles.
portez vous bien
(1)Ayni (langues Quechua, également orthographié Ayniy ou Aini) est une forme traditionnelle d'aide mutuelle pratiquée par les communautés autochtones (Ayllu) dans les Andes.
Un membre d'une communauté aide un autre membre à des fins privées lorsqu'un soutien est nécessaire, par exemple pour la construction d'une maison ou des travaux agricoles. Ultérieurement, la famille qui a reçu de l'aide participera à un autre travail ayni, apportant alors son aide aux autres. Nourriture et boisson sont fournis aux participants par la famille qui les reçoit.
Ayni se pratique toujours dans les communautés traditionnelles du Pérou, de l'Équateur et de la Bolivie, en particulier parmi lesQuechuas et les Aymara.